- grommeler
-
• 1375; grummeler XIIIe; grommer XIIe; moy. néerl. grommen1 ♦ V. intr. Murmurer, se plaindre entre ses dents. ⇒ bougonner, grogner, gronder, ronchonner; fam. maronner, râler. Céder qqch. en grommelant.♢ Spécialt Grogner, en parlant du sanglier.2 ♦ V. tr. Dire de manière confuse et avec colère. Grommeler des injures entre ses dents. ⇒ marmonner.Synonymes :- grogner- grognonner (familier)- gronder- maronner (familier)- maugréer- murmurer- ronchonner (familier)grommelerv.d1./d v. intr. Se plaindre, murmurer entre ses dents.d2./d v. tr. Grommeler des injures.⇒GROMMELER, verbeFamilierA. — Emploi intrans. Exprimer son mécontentement, sa mauvaise humeur, de façon indistincte, entre ses dents. Synon. bougonner, grogner, maronner (fam.), marmonner, maugréer, murmurer, ronchonner (fam.). Je l'entendis souvent grommeler contre sa fille (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 135). Il grommelait en crachottant sur ses bottes, symptôme connu de hargneuse préoccupation que les camarades respectaient (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 13).— P. anal. [Le suj. désigne un animal] Émettre des grognements sourds. Synon. grogner. Alors un homme tombe Dans la fosse où grommelle un lion favori (DIERX, Poèmes, 1864, p. 31).B. — Emploi trans. Prononcer quelque chose à voix basse, de manière indistincte, généralement sur un ton bougon ou plaintif. Synon. grogner, marmonner, murmurer. Paul exaspéré nous suivait en grommelant des choses désagréables (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Sœurs, 1884, p. 1274). Il grommelle des paroles indistinctes (CAMUS, Caligula, 1944, I, 3, p. 13).— [En incise] « Vieux cadavre! » grommelait François et il murmurait toutes sortes d'insultes contre les bouches inutiles, contre ceux qui encombrent les maisons (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 173).REM. 1. Grommelage, subst. masc. Synon. rare de grommellement (infra dér. a). Parfois on rit de ses grommelages, parfois on le punit (BARRÈS, Amit. fr., 1903, p. 78). 2. Grommelant, -ante, part. prés. en emploi adj., rare. Ils entendirent les chasseurs qui s'éloignaient, grommelants et vaincus (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 245). L'abbé l'avait disposé [le suaire] devant l'autel avec l'aide de Didine grommelante (LA VARENDE, Amour sacré, 1959, p. 238). 3. Grommeleur, -euse, adj., rare. Entre deux baisers mielleux et grommeleurs (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 233). 4. Groumer, verbe intrans. a) [Correspond à grogner A 1] La laie qui groumait dans la boue (GENEVOIX, Marcheloup, 1934, p. 105). b) [Correspond à grogner A 2] Ça lui venait en ronchonnements... des insultes dans le fond de son assiette, toutes rauques... toutes sourdes... : « Nom de Dieu! Nom de Dieu de merde!... » Il recommençait à groumer (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 565). 5. Groumasser, verbe intrans. Synon. région. de grommeler (supra A). On aime qui l'on aime et qui on aime on suit, en groumassant ou en silence (J. AICARD, Maurin des Maures, 1908 ds QUEM. DDL t. 9).Prononc. et Orth. : [
], (il) grommelle [
]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1342 grumeler « murmurer entre ses dents » (La femme du Roy de Portigal, 1490 ds Miracles N.D., éd. G. Paris et U. Robert, I, 201); b) 1382 grommeler « id. » (JUVENAL DES URSINS, Charles VI ds GDF. Compl.). Dér., à l'aide du suff. -eler (cf. sauter/sauteler; écarter/écarteler), de l'a. fr. grommer « gronder » (XIIIe s. Isopets I, éd. J. Bastin, 63, 8), lui-même empr. du m. néerl. grommen « gronder, grogner » et conservé dans de nombreux dial. (v. FEW t. 16, p. 93a et b), mais peut aussi avoir été empr. à l'all. grummeln « grogner » en usage en Rhénanie et en Allemagne du Nord (ibid., p. 94 a). Les formes dial. gremeler (ibid., p. 66a) et grimoler (ibid., p. 65b) représentent le néerl. grimmelen « geindre, se plaindre doucement » (composé de grimmen/gremmen « gronder, grogner » qui est une var. de grommen et du suff. dimin. -elen). Fréq. abs. littér. : 301. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 173, b) 602; XXe s. : a) 332, b) 608.
DÉR. Grommellement, subst. masc. a) Action de grommeler; p. méton. ce que l'on grommelle. Synon. bougonnement, grognement, marmonnement, ronchonnement. Ces lents mouvements, les contenances pesantes, le piétinement, le sourd grommellement de propos, tout donnait à cette lourde foule on ne savait quoi de sauvage (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 79). Un gardien pénètre dans le kommando (...) et crie le traditionnel « aufstehen! » (debout!), invariablement suivi de « ta gueule! » étouffés et de grommellements (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 187). b) P. anal. [À propos d'un animal] Synon. de grognement. Un bougonnement d'impatience, un grommellement d'animal (GONCOURT, Sœur Philom., 1861, p. 8). — []. Une attest. d'une forme grommèlement (cf. GAUTIER, Poés., 1872, p. 234). — 1res attest. a) XIIIe s. grumeslement « grognement (des souris) » (Isopets, I, éd. J. Bastin, 62, 2), b) 1567 grommelement « glapissement » (H. JUNIUS, Nomenclator omnium rerum, p. 379); du rad. de grommeler, suff. -(e)ment1. — Fréq. abs. littér. : 11.
BBG. — CHAUTARD (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 650 (s.v. groumer).grommeler [gʀɔmle] v.ÉTYM. 1382; a remplacé grommer, XIIe; grumeler, 1342; « mot expressif, qui a dû se former en germanique » (Dauzat); moy. néerl. grommen. Cf. all. grummeln; régional groumer.❖1 V. intr. Murmurer, exprimer du mécontentement, des protestations de manière indistincte, en parlant entre ses dents. ⇒ Bougonner, grogner, gronder, murmurer. || Donner, céder qqch. en grommelant (→ Caloyer, cit.). — Grommeler d'être dérangé (cit. 14) de ses habitudes.1 Je pestais, je grommelais, je jurais, je donnais au diable toute cette maudite cohue.Rousseau, les Confessions, III.2 Notre voiture faisait lever des files de dormeurs qui se rangeaient contre le mur en grommelant et en nous prodiguant toutes les richesses du vocabulaire andalou.Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 242.♦ Par anal. || Chien (cit. 5) qui grommelle entre ses dents. ⇒ Grogner, gronder. — Spécialt. Grogner, en parlant du sanglier (on dit aussi grumeler, nasiller).2 V. tr. Dire en grommelant. || Grommeler des injures, des menaces entre ses dents.3 (…) je m'en allai tout pantois (…) mais grommelant entre mes dents ces tristes paroles (…)Voltaire, l'Homme aux 40 écus, III.4 (…) il faut que la bonne serve d'interprète à l'enfant de la ville; sans quoi l'on n'entend rien à ce qu'il grommelle entre ses dents.Rousseau, Émile, I.5 Il se posa lentement sur son siège, avec circonspection, et en grommelant quelques paroles inintelligibles.Balzac, Sarrasine, Pl., t. VI, p. 86.♦ Au p. p. || Paroles grommelées, indistinctes.❖DÉR. Grommellement.
Encyclopédie Universelle. 2012.